Quelque 700 militaires et plusieurs centaines de policiers ont été mobilisés autour de l'hôtel de luxe Windsor pour sécuriser, lundi 21 octobre, une vente aux enchères dont la durée ne devait pas dépasser, de l'avis même des experts, plus de trente minutes.
Une demi-heure qui en dit long sur la tension sociale du moment et l'importance que revêt, aux yeux des dirigeants brésiliens, cette première adjudication de concessions de gisements pétroliers présalifères dans l'Atlantique.
Le gisement proposé lundi est celui de Libra, situé en eaux très profondes dans le bassin de Santos, à 180 kilomètres du littoral de l'Etat de Rio. Les estimations des réserves de pétrole récupérables de ce champ varient entre 8 et 12 milliards de barils.
Elles représentent le plus grand volume d'or noir de cette zone du "pré-sél" découverte en 2007 et considérée comme étant au moins aussi importante que les réserves enfouies en mer du Nord. Le gisement de Libra permettrait deproduire plus de 1,2 million de barils de brut par jour dans cinq ans, selon l'Agence nationale du pétrole (ANP).
D'après le cahier des charges imposé par l'autorité de régulation, Brasilia devrarecevoir au moins 41,6 % du pétrole extrait à Libra. De quoi augmenter d'un tiers sa production nationale. De quoi équilibrer, aussi, son budget fédéral pour la fin 2013.
Avec un "bonus" initial, fixé à un minimum de 15 milliards de reais (un peu plus de 5 milliards d'euros), les gains s'annoncent juteux.
Brasilia espère relancer avec cette enchère sa production etentrer dans le cercle restreint des plus grands pays exportateurs de pétrole. L'objectif est de faire passer sa production de 2,5 millions de barils par jour à 5,43 millions, en 2020.
Onze entreprises se sont inscrites aux enchères : outre Petrobras, contrôlé par l'Etat brésilien, y figurent les chinoises China National Corporation (CNPC) et China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), l'anglo-néerlandais Shell, le colombien Ecopetrol, le français Total, et la joint-venture Repsol/Sinopec. Chacune a versé plus de 2 millions de reais pour y participer.
La vente sera remportée par l'entreprise ou le groupement de sociétés qui offrira le plus de pétrole à l'Etat brésilien.
Petrobras, les deux géants d'Etat chinois, CNPC et CNOOC, et le groupe Total sont les plus cités aux côtés d'un cinquième partenaire dont le nom n'a pas été divulgué.
Cette forte présence des entreprises chinoises autour de l'acquisition du site de Libra révèle, selon des experts un appétit croissant de Pékin pour le secteur énergétique brésilien et une volonté d'assurer l'accès à ses réserves sur le long terme.
Le Monde