Thursday, 21 November 2013

Au Japon, la dette publique "suit une trajectoire dangereuse"

La dette publique japonaise dépasse aujourd'hui 220 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. A partir de quand ne sera-t-elle plus tenable ?

Il n'existe pas à proprement parler de seuil à partir duquel le pays ne pourrait pluspayer sa dette, mais une chose est sûre : à moyen-long terme, la trajectoire actuelle n'est pas tenable.

Depuis 1994, la dette publique brute a augmenté à un rythme annuel de 6 %, dépassant de loin la faible croissance du PIB, qui a été de +0,4 % par an en valeur et en moyenne jusqu'en 2007, et négative depuis.
Or, la croissance potentielle de l'archipel devrait fléchir encore dans les années àvenir, à cause du vieillissement de la population.
Cela va poser des défis redoutables, car non seulement la baisse de la population active pèsera sur l'activité, mais en plus, les ménages retraités ont plus tendance que les jeunes à piocher dans leur épargne pour financer leur consommation ou leurs dépenses de santé et dépendance.
Cela signifie-t-il que les ménages japonais détiendront à l'avenir moins d'obligations souveraines nationales ?
On peut le craindre. En effet, si le coût de financement de l'Etat japonais est resté jusqu'ici très stable à un bas niveau, c'est précisément parce que sa dette était détenue pour sa quasi-totalité par les résidents. Cette part est déjà passée de 96 % en 2005 à 92 % en juin 2013.
La dette est donc, de ce fait, peu soumise à la volatilité qu'entraîne une plus grande détention par des investisseurs étrangers.
En outre, la Banque centrale du Japon, qui détient déjà aujourd'hui près de 15 % de l'encours total, devrait quasiment doubler sa détention d'ici à fin 2014.

Les investisseurs de l'archipel risquent-ils de se détourner de la dette de leur pays ?
  Attirés par une hausse des taux longs américains une partie des investisseurs nippons pourrait alors se détourner de la dette de leur pays pour placer leur argent sur des actifs plus rémunérateurs.
Dans le pire des scénarios, cela pourrait déclencher une hausse des coûts auxquels le Japon se finance, voire, un effet boule de neige, avec un emballement de l'endettement que le gouvernement ne pourrait plus maîtriser.

Il doit agir pour rendre la trajectoire de la dette à nouveau soutenable. Cela passera d'abord par une sérieuse consolidation budgétaire.

Propos recueillis par Audrey Gasteuil-Rougier, économiste à la Société Générale

Le Monde

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