Que dire ? Qu'écrire dans d'aussi tragiques circonstances ? Qu'ils étaient des professionnels aguerris, chevronnés, qu'ils n'étaient pas des têtes brûlées ? Bien sûr, Ghislaine Dupont et Claude Verlon connaissaient leur métier et les risques qu'il peut imposer, mais leur mort nous renvoie avec une violence inouïe à une question simple : les journalistes doivent-ils abandonner les régions les plus dangereuses ? Répondre par l'affirmative serait condamner ces zones à l'oubli. Pas de témoin, pas de crime.
A Radio France Internationale, leur maison, leur famille, samedi soir tout le monde avait les yeux rougis, un mauvais goût dans la bouche, l'impression d'un cauchemar qui prendra fin au petit matin. Dix ans presque jour pour jour après l'assassinat de Jean Hélène à Abidjan, voilà que Ghislaine Dupont et Claude Verlon viennent de trouver la mort à une douzaine de kilomètres de Kidal, dans des circonstances qui demandent encore à être éclaircies. Le 21 octobre 2003, la mort portait le visage d'un policier ivoirien, le cœur chauffé à blanc par une propagande haineuse contre les journalistes. Le samedi 2 novembre 2013, les ravisseurs de Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient enturbannés. Dès que l'horrible rumeur a été confirmée, ministres, diplomates, hommes politiques et simples citoyens du continent africain ont aussitôt appelé la rédaction, envoyé des messages pour témoigner de leur tristesse et de leur colère.
Source: Le Monde