Sunday, 3 November 2013

La vérité sur les banques européennes apparaitra-t-elle sous la loupe de la BCE?

La prise en charge par la BCE de la régulation de 124 banques européennes les plus importantes comporte une condition préalable essentielle: une analyse de la santé financière de ces banques par un  cabinet d’audit britannique appointé à cet effet par la BCE. "Cette évaluation des actifs, c'est comme faire un état des lieux dans un appartement avant de s'y installer, déclare au Monde Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France. Il faut savoir quelle est la situation réelle des groupes bancaires et faire cette étude sur une base harmonisée, ce qui n'a jamais été fait."La liste comprend 24 banques en Allemagne, 16 en Espagne, 15 en Italie, 13 en France, 7 aux Pays-Bas, en belgique,  5 en Irlande et 4 en Grèce, à Chypre et au Portuga. Elles représentent 85% des actifs bancaires de Eurozone.
Cet exercice dont il est difficile de contester la légitimité, n’est pas du gout de tout le monde. Certains commentaires sont illustratifs de la crainte que cet exercice suscite dans le landerneau bancaire européen. Le professeur Eric Lamarque fait observer que  les stress tests de la BCE affaiblissent autant les banques européennes qu'ils ne participent à leur renforcement. C’est un peu comme si le fait qu’un malade passerait des tests pour effectuer un diagnostic de sa maladie pouvait, en soi, affaiblir ou renforcer son état de santé.  
L’évaluation comprendra trois éléments :
a) une évaluation prudentielle des risques visant à examiner, quantitativement et qualitativement, les principaux risques, y compris de liquidité, d’effet de levier et de financement ;
b) un examen de la qualité des actifs des banques afin d’accroître la transparence quant à leurs expositions. Cet examen portera notamment sur l’adéquation de la valorisation des actifs et des garanties ainsi que des provisions ;
c) un test de résistance visant à examiner la résilience du bilan des banques dans des scénarios de crise.
Comme l’a précisé Mario Draghi, certaines banques se verront confrontées a des jugements sévères et a une obligation d’agit pour rectifier la situation. Il n’est pas imaginable, en effet, que la qualité des banques européennes soit égale entre elles.
La Banque centrale européenne (BCE) va demander aux Etats européens de s'engager officiellement à recapitaliser leurs banques, en cas de nécessité en 2014, si la revue des bilans bancaires, prévue l'an prochain, fait apparaître des insuffisances de capitaux dans certains pays. Bref, je veux bien réguler, mais vous êtes priés de préparer les parachutes. Il faut dire qu’en juillet, le Commissaire avait annoncé la couleur. "Il ne sera plus possible de recourir à de l'argent public" pour ces banques, même si elles sont proches de la faillite, a tranché Joaquín Almunia dans une interview à l'hebdomadaire financier allemand VDI Nachrichten "Elles devront être démantelées, conformément aux nouvelles règles en vigueur", explique-t-il. Mais "l'aide publique sera bien sûr toujours autorisée dans le cadre de ces règles", a-t-il précisé quelques heures plus tard.  
C’est évidemment là que la BCE est dans une  situation périlleuse. Considérer que tout va bien n’est plus crédible. Affecter des coefficients de risques aux emprunts de l’Union Européenne est un exercice périlleux, pour ne pas dire une bombe politique. A la fois gardienne de la stabilité financière de l’Union européenne, et superviseur des banques, la BCE rencontre ici un de ses premier grands conflits d’intérêt.
 "Une seule évaluation globale, appliquée uniformément à toutes les banques importantes, représentant environ 85% du système bancaire de la zone euro, est une étape importante pour l'Europe et pour l'avenir de l'économie de la zone euro. La transparence sera son objectif principal » nous annonce Mario Draghi

Source: Le Monde

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