Tuesday, 9 July 2013

Pour une Economie de Bonheur

Le Cercle des économistes a invité cent étudiants de 18 à 28 ans à participer aux 13es Rencontres économiques d'Aix-en-Provence qui se sont déroulées du 5 au 7 juillet. Ils ont été sélectionnés parmi les centaines d'étudiants de toute formation, de tout niveau, de toute région, qui ont participé à l'initiative "Inventez 2020, la parole aux étudiants", lancée par le Cercle. Il leur était proposé de rédiger un texte de réflexion prospective de 15 000 signes maximum sur leur vision du monde en 2020. Voici celui de Hugo de Gentile, étudiant à l'EM Lyon.
"Dans quel monde voudrions-nous vivre en 2020 ? De but en blanc, et tous en choeur, nous dirions : un monde plus compréhensible, moins verrouillé, plus souriant. Oui, plus souriant. Nous sommes unanimes : le commandant de bord a perdu de vue la finalité de notre voyage. La croissance ? Non, justement, le bonheur. Et le commandant de bord, qui est-il ? Qui tient les rênes ? A dire vrai, nous n'en savons rien. Mais formuler notre malaise, c'est déjà trouver des réponses. Je souhaite avant toute chose décrire notre perception du monde actuel et nos insatisfactions. Neuf propositions de réponses viendront en seconde partie de texte.

Au fil du temps, nous avons cherché un moyen de maximiser le bonheur individuel et collectif. Nous en sommes arrivés à un système de production, deconsommation, et d'échanges perçu comme le moins pire de tous : le capitalisme. Financier, qui plus est.

Pourtant, si la recherche du bonheur nous a conduits à préférer ce système économique, en aucun cas sa conséquence directe (la recherche de la croissance) n'embrasse en totalité sa cause première (la recherche du bonheur). Rationnellement, donc, ce serait une erreur de confondre les deux : il n'y a pas de réciprocité dans cette relation de causalité. Pourtant, l'amélioration de nos conditions de vie est longtemps allée de pair avec la croissance économique, si bien que nous avons fait l'amalgame. Mais nous entrons dans une phase de renversement, due notamment au rééquilibrage progressif des rapports de force géoéconomiques, à l'intérieur de laquelle se battre pour des dixièmes de point de croissance peut engendrer une perte significative de bien-être social. Nous ne sommes peut-être pas si Homo economicus que cela.*
En effet, quel est le but des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence ? Historiquement, la réponse est "stimuler le débat économique". On pourrait ainsipenser que la finalité est scientifique, que ces Rencontres ne sont qu'un grand remue-méninges autour d'un sujet cloisonné : l'économie.
Ce serait faux. La question posée ici aux 18-28 ans est "Dans quel monde aimeriez-vous vivre ?" En d'autres termes, vous nous demandez de décrire l'espoir que nous avons d'être heureux dans la société de demain. Le sujet sous-jacent de ces Rencontres économiques est donc bien ce projet de recherche du bonheur collectif. Et pourtant, il n'est fait mention ni du bonheur, ni du "bien-être social", ni de la qualité de vie dans les 23 sessions des Rencontres. Alors que tous les regards sont tournés vers vous sur ces sujets.
Au risque de paraître primaires, nous, les "djeuns", voulons sourire ! Nous voulons être heureux ! Nous voulons une économie du bonheur et non pas seulement une économie de la croissance ! Nous voulons un modèle durable afin de se sentir en sécurité.

Source: Le Monde

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