Sonder le sentiment des Français vis-à-vis de l'impôt est un exercice risqué. Le sondage, en effet, reflète un état d'esprit à un moment donné et, après deux mois d'intense battage sur le "ras-le-bol" fiscal et d'informations mêlant le vrai et le faux, il est permis de se demander jusqu'à quel point les réponses ne sont pas altérées.
Le point central qu'il convient d'explorer, en définitive, est de savoir si, conjugué à d'autres facteurs, un climat de "poujadisme fiscal" ne serait pas en train de faire vaciller des valeurs républicaines dont l'impôt est une des composantes.
Le résultat est moyennement rassurant. Seule une grosse moitié (57 %) des personnes interrogées considère l'acquittement de l'impôt comme un acte citoyen participant de l'effort collectif au service de l'intérêt général. Une notion citoyenne qui est en train de se diluer avec l'âge, puisque la proportion de "oui" à cette question chute de 61 % chez les plus de 35 ans à 46 % chez les moins de 35 ans. Politiquement, si le consentement à l'impôt est de 82 % chez les sympathisants du PS, il n'est plus que de 53 % chez ceux de l'UMP et de 39 % chez les proches
du FN.
Parmi les différentes sources d'imposition, certaines font l'objet d'un fort degré d'acceptation, d'autres sont moins tolérées. L'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) demeure un fort symbole de justice : il est considéré comme justifié par 83 % des personnes interrogées. L'impôt sur les sociétés (77 %), l'impôt sur le revenu (76 %) et les taxes sur l'alcool et le tabac (74 %) sont eux aussi considérés comme justifiés.
Impôt sur le revenu
C'est probablement le résultat le moins surprenant compte tenu du contexte : 72 % des personnes interrogées jugent le montant de l'impôt excessif. Là aussi, les sympathies partisanes font la différence, alors que la proportion de sondés jugeant qu'ils payent trop d'impôt est rigoureusement égale (73 %) entre les revenus supérieurs et les revenus inférieurs. Le taux de rejet du niveau d'impôt va donc de 48 % chez les sympathisants PS à 79 % chez ceux de l'UMP et 84 % chez ceux du FN.
Le Monde