Monday, 14 October 2013

Le piteux spectacle de Washington

Depuis deux semaines, la plus puissante démocratie du monde tient la planète en haleine, parce qu'un groupe d'élus ultraconservateurs a décidé de barrer la route à une loi instituant une assurance-santé universelle. Cette loi, qui a été adoptée par les deux Chambres du Congrès, est le grand oeuvre du président démocrate Barack Obama. Mais les républicains bloquent le vote du budget 2014.

Si, le 17 octobre, un compromis n'est pas trouvé entre la Maison Blanche et la Chambre des représentants sur le budget fédéral, les Etats-Unis entreront dans une période à hauts risques, et l'économie mondiale avec eux. A cette date, le Congrès doit autoriser l'administration à relever le plafond de la dette, afin qu'elle puisse continuer à emprunter pour fonctionner. Faute de quoi Washington se trouvera en défaut de paiement.
Ce n'est pas la première fois, tant s'en faut, que ce chantage est utilisé, mais, aujourd'hui, le contexte est différent. L'économie américaine est convalescente, la zone euro peine à sortir de la crise, la croissance des pays émergents marque le pas. Etroitement liés par la mondialisation, les gouvernements, les marchés et les institutions financières internationales ont les yeux rivés sur Washington.
Le spectacle qui s'étale sous leurs yeux n'est pas seulement affligeant : il est de mauvais augure. Même si une solution de dernière heure intervient jeudi, cette crise a révélé de manière criante les dysfonctionnements du système démocratique américain, fruits d'une évolution inexorable de la culture politiqueoutre-Atlantique depuis les années 1980, mais qui atteignent à présent leur paroxysme.
Outre le problème bien connu de l'emprise de l'argent et des lobbies sur la politique, les zones de consensus qui permettaient aux deux grands partis delégiférer par compromis sont de plus en plus restreintes. Plus pernicieux, le redécoupage à grande échelle des circonscriptions à l'avantage des républicains a réduit le jeu démocratique : une grande partie des sièges conservateurs de la Chambre des représentants sont assurés, le Parti démocrate n'ayant aucune chance de l'emporter auprès d'un électorat savamment délimité.
Le Monde

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