Les députés grecs ont adopté, samedi 7 décembre, un projet de budget 2014 marqué par la rigueur, sur fond de crispation des discussions avec les créanciers du pays. Réduite à une étroite majorité parlementaire de 154 sièges sur 300, la coalition conservateurs-socialistes dirigée par le premier ministre, Antonis Samaras, a obtenu 153 votes favorables à la loi de finances.
Le budget prévoit en l'état une hausse de 2,1 milliards des revenus tirés desimpôts pour une baisse de 3,1 milliards des dépenses, grâce à des coups de rabot dans les secteurs de la santé, des assurances sociales et de l'éducation.
La loi de finances mise pour 2014 sur un produit intérieur brut (PIB) en légère progression de 0,6 %, après six années consécutives de récession, dont une contraction de 4 % prévue pour cette année. La Grèce devrait également seretrouver dans un situation inédite depuis longtemps : être en capacité de subvenirà ses dépenses ordinaires grâce à son excédent budgétaire primaire (hors service de la dette).
L'Union européenne a jeté une ombre sur ce dénouement positif en annonçant dans la soirée que la « troïka« des créanciers du pays – Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international – différait sa mission à Athènes au mois de janvier, entraînant le gel du versement d'un prêt de 1 milliard d'euros en discussion depuis septembre, faute d'avoirobtenu la mise en œuvre de réformes demandées.
Le premier ministre s'est employé devant le Parlement à réfuter cette vision pessimiste, assurant que « la Grèce avait réalisé nombre de réformes que beaucoup pensaient impossibles ». « Les changements sont énormes », a-t-il insisté, citant le « rétablissement de la compétitivité », la réduction drastique du déficit budgétaire, la baisse des taux d'emprunt à dix ans du pays.
Il n'a pas caché que les discussions avec les bailleurs de fonds du pays étaient« difficiles », tout en se disant confiant dans l'aboutissement des négociations. Antonis Samaras aurait cependant souhaité parvenir à un accord avant que le pays ne prenne pour six mois la présidence de l'Union européenne, le 1er janvier prochain.
Le budget de la Grèce pour 2014 n'a donc pas reçu l'aval de la troïka et pourraitêtre amendé dans les prochains mois avec de nouvelles mesures d'austérité auxquelles le gouvernement grec serine pourtant être vigoureusement opposé.
« Ce budget ne sera pas amendé par la troïka mais par le gouvernement du Syriza », le principal parti d'opposition de la gauche radicale, a promis son dirigeant, Alexis Tsipras, devant les députés. « Voter pour le budget signifie que le désastre va continuer », a ajouté le chef de la formation, donnée au coude à coude avec les conservateurs dans les sondages. La traditionnelle mobilisation contre le budget à l'initiative des syndicats a toutefois rassemblé à peine 200 personnes, contre des milliers les années passées.
Les responsables grecs commencent à évoquer une sortie des plans d'aideinternationaux, à l'échéance du second programme de sauvetage en juillet 2014. Quelque 240 milliards de prêts ont été injectés dans le pays depuis son placement sous perfusion de l'Europe et du FMI en 2010.
Source: Le Monde